Les grandes affaires criminelles des Alpes de Haute Provence

Les Alpes-de-Haute-Provence, anciennes Basses-Alpes, sont-elles une terre criminogène ? Un endroit où l’on tuerait sans raison et avec une sauvagerie rare ? Certains l’ont prétendu. Les romans de Jean Giono et de Pierre Magnan ont popularisé cette idée.

Tout récemment encore, le cinéaste Luc Moullet  » démontrait  » – avec un humour à prendre au second degré – l’existence d’un  » pentagone de la folie  » qui épouserait plus ou moins les frontières du département et qui engloberait les villes de Sisteron, Manosque, Castellane…, où les habitants seraient en proie à des pulsions meurtrières.

Extrait

5 août 1952, à 6h30, le téléphone sonne dans le poste de gendarmerie de Forcalquier. Au bout du fil, le maréchal des logis Louis Romanet, chef de la brigade d’Oraison. Une demi-heure plus tôt, c’est un motocycliste qui a surgi en trombe et donné l’alerte : « Des coups de feu ont été tirés dans la nuit aux environs de la gare de Lurs, sur la route nationale. Il paraît qu’il y a un mort. Je passais par-là, un habitant d’une ferme voisine m’a demandé de venir vous prévenir. Voilà. »

Dès qu’il a prévenu son chef hiérarchique, Louis Romanet part sur la moto de la gendarmerie, emmenant le gendarme Bouchier dans son side-car. S’il y a mort d’homme, il faut y aller voir. Aucun des deux ne pense à un crime. Des coups de feu ? C’est chose fréquente dans ce pays de chasseurs. Un mort ? Probablement la victime d’un accident de la circulation.

Mais quand ils arrivent près de Lurs, ils aperçoivent un homme arrêté au bord de la route, appuyé sur son cyclomoteur, qui leur fait de grands signes. Ils le reconnaissent : c’est Aimé Perrin, un habitant de Peyruis qui a épousé une fille Dominici : « Il y a eu un crime à la Grand’Terre. J’allais vous prévenir à la demande de ma belle-sœur Yvette. »