Un siècle de faits divers dans les Alpes de Haute Provence

Depuis toujours, les faits divers fascinent l’opinion. Les historiens les ont trop souvent délaissés, considérant, sans doute à tort, qu’ils constituaient des « mini événements » sans intérêt.

Dans les Alpes-de-Haute-Provence, Marie-Noël Paschal a minutieusement épluché les archives départementales, de 1900 jusqu’à nos jours, pour en extraire des anecdotes où l’insolite le dispute au sordide, le mystère à l’inattendu, le pittoresque à l’horrible. Catastrophes à la une, faits de société, crimes multiples et mystères en tout genre nourrissent cet ouvrage où s’entremêlent tragique, pathétique, comique, suscitant autant les larmes que le rire.

De l’arrivée de la « Fée électricité » à Digne au drame du col de la Pare, qui fit six victimes et eut un retentissement national, en passant par l’effroyable tuerie de Valensole ou l’histoire folle du violoniste qui faisait fuir les loups à Riez, sans oublier, bien sûr, le courrier Paris-Saïgon qui s’écrasa près de Fours-Saint-Laurenten et la découverte de Volonne, la cité engloutie, c’est une riche compilation de faits divers ayant défrayé la chronique en leur temps que l’auteur s’est attachée à rassembler ici, pour notre plus grand plaisir…

Extrait

Ce n’était pas « la Belle Epoque » pour tout le monde. Paris et les grandes villes regardent avec commisération ce département pauvre, essentiellement agricole, et que la nature n’a pas favorisé. En témoigne l’article peu flatteur que lui consacre l’Atlas Larousse dans ces années-là : « Semées de rochers blanchâtres sortant, comme des ossements, d’un mince sol végétal où languissent des buissons, quelques fleurs de montagne et des arbres rabougris, ces montagnes forment presque partout un effrayant désert qui n’aura bientôt plus d’habitants : c’est le Sahara sans le soleil de l’Afrique, avec les neiges de la Sibérie. Sur ce sol élevé que le déboisement et les inondations qui en sont la conséquence ont frustré de sa terre nourricière, l’agriculture est des plus misérables. On n’y récolte qu’un peu de blé, du vin en petite quantité, mais bon, et des truffes en assez grand nombre. Dans la partie méridionale, qui bénéficie du climat de la Provence, apparaissent les oliviers, mûriers et orangers ; les plantes aromatiques y abondent, et on compte 250 000 ruches d’abeilles. Manosque doit à sa situation dans cette région privilégiée d’être de beaucoup la seconde ville du département (avec 5500 habitants). On trouve près de Manosque des mines de lignite et de gypse. Mais, malgré un commerce assez actif d’huiles, de vins et de soies grèges, ce département est aussi l’un des moins peuplés. » (Atlas Larousse Illustré, Imprimerie Larousse, Paris, vers 1900)